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Photo du rédacteurJosée Giguère

La dépendance affective, mère de toutes les dépendances

Dernière mise à jour : 11 sept. 2023

Bon nombre de spécialistes en traitement de dépendance avancent que les personnes aux prises avec une dépendance dite visible, (alcool, drogue, jeu compulsif, nourriture, etc.,) sont d’abord et avant tout des dépendants affectifs qui, souvent, s’ignorent.

Partant de cette théorie (à laquelle j’adhère) pour vaincre les dépendances visibles, il est nécessaire de réduire les comportements liés à la dépendance affective. Car le seul fait de cesser de consommer ne libère pas la personne de ses obsessions et de ses pulsions. Pas plus que de ses comportements, ses croyances invalidantes et limitantes en lien avec son besoin d’amour et d’approbation.


Souvent, lorsque la souffrance engendrée par la dépendance affective devient trop grande, les risques de retourner dans ses habitudes de consommation augmentent en proportion de la douleur ressentie.


Mais nous remarquons aussi que lorsque la personne acquiert une plus grande autonomie affective et une capacité à gérer plus adéquatement ses émotions et qu’elle développe une image réaliste de soi, elle ne cherche plus à s’anesthésier à l’aide de ses dépendances visibles.

Un RAP mal nourrit

Ayant connu un milieu familial stable et sécurisant, l’enfant devenu adulte possèdera un facteur de protection supplémentaire, une base de sécurité qui favorisera le développement d’une image plutôt réaliste de lui-même permettant un enracinement et une exploration confiante du monde. Ce qui réduira considérablement les risques qu’il développe de la dépendance affective.

Reste que dans les faits, la majorité des personnes dépendantes affectives sont issues d’un milieu familial n’ayant pu nourrir adéquatement leur R A P. C’est-à-dire leurs besoins ;

  • De Reconnaissance

  • D’Affection

  • De Protection.

Ce manque affectif favorisera le développement d’un trouble d’attachement qui lui influencera leur capacité à développer des relations affectives saines et nourrissantes. Ce qui augmentera considérablement le risque de développer une dépendance visible.


Une femme s'agrippe aux barreaux d'une grille comme si elle était emprisonnée.
La dépendance affective donne parfois l'impression d'être emprisonné.e (dans sa tête, ses croyances ou la relation)

La dépendance affective

Méconnue et mal comprise, la dépendance affective a plutôt mauvaise presse. Personnellement, j’ai longtemps ressenti plus de honte à dévoiler ma dépendance affective qu’à dire que j’étais alcoolique ou toxicomane ou encore outremangeuse. Dans la psychologie populaire, on associe souvent le dépendant affectif à une bande velcro, qui, s’agrippant aux autres, pompe leur air jusqu’à les faire suffoquer. Ce genre de comportement est certes répandu. Mais la dépendance affective s’avère être beaucoup plus large et complexe que cela. Bon nombre de dépendants affectifs sont infidèles et loin de s’accrocher à la relation, ils la mettent fréquemment en péril en raison d’un trouble d’attachement.


Reste que dans l'objectif de maintenir la relation amoureuse, la personne dépendante affective va mettre en place de nombreuses tactiques plus ou moins conscientes. Or, ces dernières entraînent l'inverse des effets escomptés. Pire encore, la personne n'étant bien souvent pas consciente de son trouble, elle enchaîne les relations amoureuses toxiques, en pensant qu'elle ne cesse d'attirer les "mauvaises personnes" à elle.

En effet, dans le cadre de la dépendance affective en couple, la relation amoureuse se crée pour répondre à des besoins douloureux autour des angoisses et des manques du dépendant.

Malheureusement, les réponses à ces peurs sont le mensonge, la manipulation, la fusion, la soumission à l’autre, le contrôle, le don de soi à outrance, la culpabilisation ou encore l’évitement. Pour ne nommer que ceux-là.

Ainsi, la dépendance amoureuse se distingue de l'amour sain par les fondements sur lesquels la relation de couple se construit.


La personne dépendante affective éprouve un sentiment d’incomplétude, de vide, de désespoir et de désorientation dont elle ne croit pouvoir s’en remettre que par l’intermédiaire d’une relation, principalement, amoureuse. En fait, la personne dépendante affective est obsédée par l’autre et par la relation.


Cette relation devient le centre de son univers et elle est prête à tout pour maintenir le lien. Ou au contraire, si ses immenses et avides besoins d’amour et d’attention n’arrivent pas à être comblés, elle démissionnera peu à peu de la relation cherchant ailleurs une autre source pour remplir temporairement son gouffre affectif.

Une femme pleure assise sur le plancher
Au fond d’elle-même, la personne dépendante affective doute être une personne complète et digne d’amour. La reconnaissance de sa valeur personnelle devient donc l’enjeu central dans ses relations affectives.


Vaincre la dépendance affective

Apprendre à construire des liens apaisés avec soi-même et les autres est le but souhaité par bon nombre de dépendants affectifs en rétablissement.

Pour y arriver, un retour à soi et à l’amour est essentiel.

C’est en se donnant les bons moyens, du temps et en déployant des efforts soutenus que le dépendant affectif parviendra à modifier, petit à petit, ses croyances limitantes sur lui et sur l’amour ainsi que ses comportements mal ajustés.

Voici quelques pistes pouvant l’aider à atteindre son objectif.

  1. Il sera avantageux pour lui qu’il gagne en maturité émotionnelle. Il y parviendra en prenant contact avec ses émotions afin d’apprendre à les ressentir puis à les gérer sainement.

  2. En développant des « dépendances saines » il sera en mesure de s’apporter un soulagement sans conséquences nocives.

  3. C’est par la confrontation et la restructuration de ses pensées qu’il parviendra à développer, entre autres, une image plus réaliste de lui-même. Et ainsi se soustraire à tant de souffrances inutiles en lien avec son identité négative.

  4. En améliorant ses habiletés sociales et personnelles, il apprendra à rentrer sainement en relation avec les autres. En créant des liens de confiance et en osant dans un contexte sécuritaire et aimant se dévoiler progressivement à d’autres êtres humains, il apprendra à se donner et à recevoir de l’amour.

  5. Par le développement d’une vie intérieure, il sera en mesure de donner un sens plus apaisé et confiant donc moins dramatique aux évènements qui jalonneront le parcours de sa vie. Que ce soit par la pratique de la méditation, du yoga, de la respiration consciente, de l’écriture libératrice, de la créativité, de la prière pour ne nommer que ceux-là.

En terminant, je vous invite à ne pas rester seuls avec votre douleur. Il est possible de se libérer de la dépendance affective. Et rappelez-vous; L’amour (sain) ne blesse pas, il apaise et nourrit le cœur.


Références :


Amour Toxique. Diane Borgia. Les éditions la Presse

Recueil. Dépendants Affectifs Anonymes

L’assujetti ou l’oubli de soi. Thierry Gaubert. Les éditions de l’homme

Guérir des blessures d’attachement. Gwénaëlle Persiaux. Éditions Eyrolles

Le gros livre rouge. EADA. Enfants-Adultes d’alcooliques ou de familles dysfonctionnelles.

Un divan fleuri et une dépendante affective. Josée Giguère. Libre édition

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