Je vous propose de lire ce texte. Acceptez-vous?
Pour une grande majorité, l’acceptation se résume à consentir à quelque chose. D’ailleurs, le dictionnaire ne fait qu’appuyer cette définition en offrant des perspectives diversifiées, propices à la confusion.
De « subir avec résignation », en passant par « endosser », « tolérer » ou « approuver », ce ne sont pas les options qui manquent. Ceci dit, en ce qui concerne l’acceptation qui permet de lâcher prise, on fait fausse route.
Ce que l’acceptation n’est pas
Est-il impératif de se montrer en accord avec quelque chose pour l’accepter? Non.
Sommes-nous obligés d’aimer le phénomène qui se produit devant nous pour l’accepter? Non.
Devons-nous cautionner, encourager ou supporter une action pour l’accepter? Non.
Accepter signifie-t-il automatiquement que nous renonçons à agir? Non.
En joual, on entend souvent : « c’est ça qui est ça ». Je vous propose donc une alternative.
« Accepter les choses comme elles sont plutôt que comme on voudrait qu’elles soient ».
De l’énergie gaspillée
Lutter fait partie des réflexes humains. C’est parfois franchement utile, mais majoritairement contre-productif. On se surprend à résister à la réalité, convaincu qu’en agissant ainsi, elle finira par changer. Or, une chose apparait évidente : peu importe à quel point on condamne un fait, demeure qu’il s’est produit, et qu’il se produira probablement à nouveau. S’opposer n’y changera rien. À cette étape, un choix s’offre à nous, et ensuite vient une réflexion.
J’accepte : cela me permet-il de concentrer mon attention et mon énergie ailleurs?
ou
Je n’accepte pas : cela me permet-il de concentrer toute mon attention et mon énergie ailleurs?
Vous constaterez que dans un des scénarios, il s’avère plus facile d’orienter notre attention sur des choses qui nous tiennent à cœur, par exemple, puisqu’on permet à la réalité d’être ce qu’elle est (sans pour autant l’approuver). S’acharner sur un moustique qui est déjà mort ne le rendra pas plus mort.
Toutefois, l’être humain est imparfait, faillible. II lui arrive de chercher à diminuer sa souffrance par tous les moyens. Voici quelques stratégies de contrôle adoptées fréquemment :
- Le déni (ça ne se peut pas)
- La rationalisation (se convaincre par la raison - argumenter)
- L’évitement expérientiel (je n’y vais pas)
- Le détachement émotionnel/L’anesthésie (fuir ses pensées par le sommeil, la conso)
- Le refoulement (chasser de force vos émotions désagréables)
- Se blâmer ou blâmer les autres (victimisation)
- Suranalyser et alimenter le ressentiment (ce n’est pas juste)
Bien qu’à court terme, certains de ces moyens peuvent s’avérer « efficaces », ils finissent par alimenter un cercle vicieux. Réussirez-vous réellement à vous débarrasser de vos pensées ainsi que de vos émotions douloureuses à long terme? Négatif.
Ce que vous contrôlez
L’acceptation n’est jamais trop loin de la résignation. Ce qui les différencie? Vos actions. Si vous êtes confronté à un événement face auquel vous avez du contrôle et que vous baissez les bras, vous êtes dans l’abandon. Vous cultivez l’impuissance, convaincu que vos gestes n’y changeront rien. Rien ne garantit non plus qu’ils donneront des résultats. Face à cette éventualité, vous n’aurez plus d’emprise sur la situation et aurez tout intérêt à « composer avec la vie plutôt qu’à vous acharner contre ».
Ce que je contrôle
Mes pensées Où mon attention est dirigée Mes choix Mes décisions
Ce que je ne contrôle pas
Les bienfaits que procure l’acceptation
L’acceptation ne doit PAS être forcée, elle doit être accueillie. Quand vous y adhérerez pleinement, vous le sentirez. Les jugements envers les autres et vous-mêmes diminueront. Vous vous surprendrez à tolérer ce qui autrefois paraissait impossible. Vous marcherez en direction de vos valeurs, même au cœur de la tempête.
L’acceptation nous délivre de la résistance et nous offre la sérénité en débloquant l’énergie nécessaire pour agir, malgré la présence de pensées difficiles. Elle favorise l’action efficace, celle qui est utile. Par exemple, en cas de « craving » (envie de consommer) ou d’émotion douloureuse (anxiété), la pratiquer permet d’accueillir ce qui vous traverse l’esprit sans vous juger ou tenter de le modifier. Moins occupé à vous débattre, vous pourrez choisir de mettre vos efforts ailleurs (comme sur vos stratégies de coping ou sur des techniques de gestion des émotions). La douleur d’une sensation désagréable est suffisante, nul besoin d’y ajouter la souffrance de la lutte.
Un point de départ
L’acceptation, dans sa proposition, ébranle plusieurs convictions profondes associées à la reprise de contrôle et l’acharnement dont nous pouvons faire preuve face aux aléas de la vie. Il est donc normal de douter ou d’avoir de la difficulté à pleinement l’intégrer. Et si vous acceptiez le fait que vous n’acceptez pas? Voilà un bon point de départ.
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