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Vivre avec une dépendance : pourquoi moi?

Dernière mise à jour : 1 nov. 2021

Le cerveau humain, aussi formidable soit-il, tolère bien mal l’incompréhension. Il s’efforce de comprendre, de résoudre les problèmes. Au-delà des solutions qui le guettent, se sont aussi les réponses qu’il recherche. Si une question brule les lèvres des personnes aux prises avec une forme de dépendance, c’est bien de savoir pourquoi elles en sont rendues là. Alors que le jeu de la comparaison devient trop facile, l’injustice se mêle soit à la prise de conscience, ou à la déresponsabilisation.


Vulnérable, vraiment?

Subir : Être exposé contre son gré à une chose défavorable. Qui ne validerait pas d’abord cette hypothèse? Après tout, personne ne choisit d’être atteint d’un cancer. Peut-on néanmoins être en partie responsable? Certainement. L’être humain, lorsqu’il se sent incapable de prendre responsabilité, se plait à trouver un coupable. Ce processus fait partie de sa quête d’éclaircissement. Réflexion faite, il serait faux d’affirmer que tous partent de la même ligne de départ..


Certaines théories parlent de génétique, de prédispositions. Par exemple, l’une d’entre elles évoque « une sous-stimulation du système dopaminergique qui diminuerait la sensibilité aux récompenses, forçant ainsi le consommateur à compenser ». Une autre : une dysfonction des hormones. La tolérance vis-à-vis l’alcool, notamment, est un aspect à prendre en considération. Moins sensibles aux effets, moins susceptibles de percevoir un problème. Certains théoriciens laissent entendre que les alcooliques métaboliseraient moins bien l’alcool. Sinon, des études se sont intéressées aux jumeaux et à leur parcours de vie respectifs, sans en tirer de conclusions probantes. En résumé, tant d’éventualités, mais si peu de certitudes.



La réponse dans l’enfance

Les carences laissent à l’occasion des traces indélébiles. Elles forgent notre personnalité, teintent nos expériences ainsi que nos croyances. Par manque de ci ou par manque de ça, les mécanismes d’adaptation, nombreux, sont au cœur des stratégies employées pour faire face aux problèmes du quotidien. De plus, certains experts évoquent que les comportements compulsifs sont de ceux qui s’apprennent, en observant papa et maman, les amis, notamment. Pensons également à la réalité socioéconomique (la pauvreté des liens sociaux, absence d’intérêt pour l’école, pauvreté), qui est tout aussi coupable que ce qui précède.


Un ourson représente l'enfance.
L'enfance est une période cruciale pour le développement de notre intelligence émotionnelle.


La société : complice malgré elle


Il faut avouer que le contrôle social (pratiques qui visent à maintenir l’ordre et prévenir les comportements problématiques) n’est pas toujours optimal en ce qui concerne les dépendances. En d’autres mots, certaines idéologies sont au cœur du problème, et ce, hormis tout ce qui est mis en œuvre pour éviter que ce ne soit le cas. Une personne nouvellement abstinente de l’alcool est bombardée de tentations bien malgré elle, d’image de toutes sortes décrivant la substance comme faisant partie intégrante de la vie de plusieurs. Le jeu des parallèles devient très facile. Et on ne parle même pas des croyances populaires qui rendent l’alcool si socialement acceptable ou bien des deuils, associés au plaisir, qui paraissent insurmontables! Dès lors, c’est (notamment) dans l’interaction avec son environnement qu’un individu fera face à des défis considérables. Cependant, c’est au niveau de ses habiletés personnelles et interpersonnelles que les lacunes se font majoritairement présentes.


La maladie des émotions?


Une relation toxique, ça vous dit quelque chose? Détrompez-vous, ça n’implique pas nécessairement deux êtres humains. En regardant la dépendance comme un rapport nocif entre une personne et une substance, par exemple, on peut adéquatement mettre le doigt sur les motivations ainsi que les besoins derrière ces choix. Apaiser ses maux s’avère alors une réponse assez commune et centrale à bien des problématiques. C’est à ce moment où on a tout intérêt à percevoir notre consommation comme le symptôme d’un enjeu plus profond. En outre, si notre état émotif est à ce point souffrant et qu’il nous pousse à utiliser de telles méthodes, c’est que de nombreuses croyances agissent à titre de carburant. C’est peu dire d’affirmer que ce qui se passe à l’intérieur de nous a son rôle à jouer dans la poursuite d’habitudes malsaines et destructrices.


 

Alors le coupable, c’est qui?


Toutes les formes de dépendance constituent des problèmes multifactoriels. Bien qu’elles comportent leurs lots de similitudes, elles sont ultimement uniques à leur façon. La réalité d’une personne dépendra de son vécu, de ses blessures, de ses traits de personnalité, du soutien dont elle dispose, de ses habiletés personnelles et interpersonnelles, de son âge, de son sexe, de son travail, etc. La gravité de la situation en sera profondément affectée.

Pour les défenseurs du modèle de la maladie (fondement sur lequel reposent, entre autres, les fraternités anonymes), la perte de contrôle est prépondérante dans l’équation. Le hic, c’est que certains sont d’avis qu’elle pousse le dépendant « à l’extérieur de lui-même ». En d’autres mots, trop peu d’opportunités de s’attribuer la responsabilité de ses succès. Ceci dit, rien n’empêche d’adhérer au concept qui nous convient davantage : il faut au moins s’assurer d’agir en profondeur plutôt que de gratter la surface.


Tout bien réfléchi, si j'ai une part de responsabilité, je suis la solution.




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